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Tous les jeunes ont-ils droit à la réussite en éducation? 

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Réaction au projet de loi 23 modifiant la Loi sur l’instruction publique et créant l’Institut national d’excellence en éducation

 

Lorsqu’on parle de réussite scolaire, on tend à oublier qu’elle échappe à certains élèves. Par exemple, chez les élèves qui ont un plan d’intervention en raison de leurs difficultés, le taux d’obtention d’un diplôme ou d’une qualification passe de 82 % à 56 %1. Les élèves qui rencontrent des difficultés d’adaptation et de comportement font partie de ceux qui soulèvent le plus de préoccupations chez les enseignants, les parents et le personnel de nos écoles. La fine compréhension des situations particulières vécues par ces élèves est nécessaire pour favoriser leur réussite2. Or, le projet de loi 23, déposé par le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, modifiant la Loi sur l’instruction publique et créant l’Institut national d’excellence en éducation (INEE) n’amène aucune solution concrète pour aider et soutenir le milieu scolaire.  

 

On ne peut qu’être troublé par le manque d’appui à ce projet de loi de la part des acteurs de l’éducation, dont la communauté scientifique. En effet, bien qu’on ne puisse qu’applaudir la volonté du gouvernement d’investir sur les meilleures pratiques dans nos écoles, le CQJDC croit, à l’instar de ces nombreux intervenants, que ce projet de loi ne permettra malheureusement pas d’atteindre les objectifs escomptés concernant la réussite des élèves.

 

Le projet de loi passe sous silence la situation des élèves qui rencontrent des difficultés d’adaptation et de comportement, et tous les autres en situation de vulnérabilité. Il donnera au ministre de l’Éducation le pouvoir de « déterminer les besoins des élèves »3 et de fixer les cibles de réussite à atteindre par les milieux scolaires, sans tenir compte de leurs réalités. Comment et avec quelle expertise le ministre de l’Éducation identifiera les besoins des élèves en difficulté d’adaptation et de comportement? Le conseil d’administration de l’INEE comprendra-t-il une personne experte des difficultés d’adaptation et de comportement? Quelle indépendance réelle aura ce conseil au regard des demandes du ministre de l’Éducation? Par exemple, comment s’assurera-t-on que les programmes courts menant au brevet d’enseignement offrent une solide formation pour intervenir auprès des élèves, dont ceux qui rencontrent des difficultés?

 

Le ministre de l’Éducation souhaite reproduire le modèle de l’Institut national d'excellence en santé et services sociaux (INESS), dont l’approche valorise les devis expérimentaux. Ce modèle conduirait au rejet d’une large partie des données issues de la recherche en éducation. En effet, il y a une différence entre le développement d’un vaccin et le développement de pratiques éducatives. En éducation, les connaissances acquises par la recherche dans certaines classes ou écoles ne sont pas directement utiles et transposables à d’autres. En résumé, la création de l’INEE ne tient pas compte des besoins réels ni des ressources réclamées depuis longtemps pour y répondre.

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Le Québec a-t-il besoin d’un organisme supplémentaire pour diffuser des savoirs scientifiques ou accorder aux écoles les ressources nécessaires pour assurer la réussite des élèves? Le ministère de l’Éducation ne devrait-il pas se concentrer sur le renforcement de la collaboration entre les professionnels, les universitaires et les gestionnaires du réseau scolaire, sans oublier sa collaboration avec les enseignants, possédant les connaissances et l’expertise requises pour mieux soutenir la réussite des élèves?

 

Le Québec peut compter sur des professionnels dédiés et compétents dans les écoles, d’organismes comme le CQJDC qui sont déjà des partenaires ayant des mandats de transfert de connaissances auprès des professionnels d’établissements scolaires, de même que d’universités ayant une expertise de pointe en formation des enseignants. Nous attendons un leadership et des investissements là où ça compte, soit le plus près possible de ceux qui nous sont si chers : nos jeunes, les citoyens de demain.

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Mélanie Paré, présidente du CQJDC

Pour nous joindre : info@cqjdc.org 

 

Le Comité québécois pour les jeunes en difficulté de comportement (CQJDC)

Le CQJDC est un organisme à but non lucratif dont la mission est de favoriser le bien-être des jeunes de 0 à 25 ans qui vivent des difficultés comportementales, sociales, affectives et scolaires, et de faire progresser la qualité des services qui leur sont offerts.

Afin de réaliser sa mission, le CQJDC compte sur un groupe d’experts composé notamment de professeurs-chercheurs et de doctorants provenant de différentes universités du Québec ainsi que de spécialistes en éducation. Leur expertise porte sur un éventail de sujets liés aux difficultés comportementales, sociales, affectives et scolaires.

 

Notes

1 Source : Ministère de l’Éducation du Québec. Taux de diplomation et de qualification par cohorte après 7 ans en 2020-2021.
https://www.education.gouv.qc.ca/references/indicateurs-et-statistiques/indicateurs/taux-de-diplomation-et-de-qualification-par-cohorte-de-nouveaux-inscrits-au-secondaire

2 Ce texte reprend des idées émises par le CQJDC dans son mémoire de 2017 portant sur le projet d’INEE :
https://cqjdc.org/positionnement

3 Pour consulter le projet de loi 23 : https://www.assnat.qc.ca/Media/Process.aspx?

 

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